LE LOW TECH

Connaissez-vous un objet aussi simple et efficace que la cuillère ? Depuis des milliers d’années d’existence, cet ustensile reste toujours aussi performant alors qu’il n’a pratiquement pas subi de changement de forme. Pourrions-nous réaliser des espaces bâtis aussi beaux, simples, utiles, pérenne et efficace que cette cuillère ?

Chaque jour, les professionnels du bâtiment adaptent leurs pratiques pour gagner en efficacité. Pour y arriver, la plupart cherchent à optimiser l’usage d’équipements, d’énergies et de matériaux.

La simplicité est la sophistication suprême (Léonard de Vinci)

La mise en œuvre de techniques complexes ne doit se faire qu’en cas de besoins impérieux et selon une approche « techno’critique ». Pour ce faire, il nous faut prendre en compte le cycle de vie complet des produits et des matériaux (jusqu’à leur démontage aisé en fin de vie).

L’avenir n’appartient à personne. Il n’y a pas de précurseurs, il n’existe que des retardataires (Jean Cocteau)

On s’accordera à dire que l’approche dite « Low Tech » (basse technologie) consiste à privilégier les ressources renouvelables, peu transformées et locales. Pour aller plus loin, les puristes trouveront plaisir à réaliser des architectures considérées comme « nourricières », c’est-à-dire aptes à produire plus qu’elles ne consomment ; par exemple, du point de vue énergétique (bâtiments à énergie positive), économique (approche en coût global) ou même sanitaire (habitats sains), social (emplois locaux, économie circulaire…), alimentaire (production de nourriture sur site) ou patrimonial.

Less is more (Ludwig Mies van der Rohe)

Le mot d’ordre se résume à supprimer ce qui est « en trop » pour préserver les ressources (énergies, matières et espaces) afin d’optimiser nos réalisations en consommant « mieux » et moins. Cela requiert de l’ingéniosité, du « bon sens pratique » et de l’intelligence collective pour créer de la richesse en réduisant les pertes.

Il ne suffit plus de « bien construire » en utilisant les « bonnes méthodes ». Il convient d’inclure la conception et l’usage dans tout projet en appliquant quelques principes simples et efficaces :

  • Prescrire des systèmes passifs en priorité (qualité de l’enveloppe bâtie, stratégie de ventilation performante…) afin de diminuer le recours aux systèmes énergivores
  • Optimiser l’efficacité des systèmes actifs (faible consommation, faibles émissions…)
  • Réduire le recours aux matières premières non renouvelables ou fortement transformées
  • Supprimer les éléments superflus et/ou trop composites
  • Optimiser les consommations d’espaces et favoriser leur mutualisation
  • Privilégier la réhabilitation des espaces existants pour protéger les espaces non construits et favoriser l’intensification urbaine
  • Prioriser les produits renouvelables et locaux (bois, biosourcés…)
  • Diminuer le taux de déchets et favoriser l’utilisation de rebus ou de coproduits
  • Anticiper la démontabilité, la réutilisation et le réemploi

De nombreuses autres actions sont possibles (et efficaces). Chacune se définit en fonction du projet concerné et des protagonistes présents. La voie est ouverte pour la concrétisation de projets encore plus vertueux et performants. Gageons que de nombreux professionnels et que les nouvelles générations sauront exprimer pleinement leurs compétences en ce sens.

LOWTECH #RÉSILIENT #DESIGN #BOIS #BIOSOURCÉS

Laurent Boiteux, Délégué général du Cluster Robin.s

Crédit photo : Laurent Boiteux Cluster Robin.s